Dungeons & Dragons, le film (2023) 587

Revu en VO, la voix au timbre délicieusement british/posh de Hugh Grant remplit cette fois son office en produisant un décalage amusant, absent de la VF.

Pour le reste, c'est du divertissement industriel, tel qu'Anne Alombert à la suite d'Adorno* l'analyse :

"Quand il recourt à des scénarios incohérents et standardisés, le film cinématographique risque de court-circuiter les capacités mentales des spectateurs et de paralyser l'exercice de leurs facultés psychiques : pour pouvoir suivre le fil de l'histoire, le spectateur est obligé de se laisser porter par le rythme effréné du film, renonçant ainsi à toute activité réflexive. Dans la mesure où les images et les sons sont produits pour lui, le spectateur n'a plus besoin de mobiliser son imagination. Selon Adorno, l'industrie hollywoodienne met le film cinématographique au service de l'infantilisation et de la régression du public : "Ce n'est pas pour rien que l'on peut entendre en Amérique de la bouche de producteurs cyniques que leurs films doivent tenir compte du niveau intellectuel d'un enfant de 11 ans : ce faisant, ils se sentent toujours plus incités à faire d’un adulte un enfant de onze ans."- (https://www.editions-allia.com/fr/livre/961/schizophrenie-numerique).

*https://www.cairn.info/revue-communications-2012-2-page-43.htm pour l'article d'Adorno, qui prévoit la plupart des réactions prévisibles, en particulier :

" Si les avocats de l’industrie culturelle opposent à ce que nous venons de dire qu’elle ne prétend pas à l’art, alors c’est encore une fois de l’idéologie. Aucune infamie ne s’amende parce qu’elle se déclare telle. Même le plus piètre film à grand spectacle ou à l’eau de rose se présente objectivement selon sa propre apparence comme s’il était une œuvre d’art. Il faut le confronter avec cette prétention et non avec la mauvaise intention de ceux qui en sont responsables ".

Il n'aurait pas été impensable d'avoir plus d'ambition cinématographique pour un film dans cet univers que de faire du fan-service plaisant et inoffensif, mais sans contenu autre que le plaisir immédiat et régressif. Mais je doute que ces arguments soient audibles ici ☺

Il t'a fallu le voir 2 fois pour te rendre compte de ça ?

Ha, ha, ha, ha, ha... J'adore la philosophie grand spectacle, surtout quand elle se réclame de grands noms pour faire sérieux : "à la suite d'Adorno" ...

Et je me demande ce qui paralyse le plus les facultés psychiques des gens : les films qui sont du pur divertissement en ne prétendant pas faire autre chose ou les pseudo-réflexions qui disent n'importe quoi...

Il y en a qui ferait mieux d'arrêter de réfléchir de temps en temps pour réfléchir un peu mieux ensuite...

Bon sang, tout ça pour ça... Faut vraiment avoir quelques chose à justifier au monde pour se mettre dans cet état. Un petit perroquet en bord de mer et ça va passer, on voit les choses plus légères

Excuse moi, ainsi que Gollum, de présenter une réflexion. Que cela suscite ricanement ou attaques personnelles en dit davantage sur vous que sur elle.

On m'avait précédemment expliqué que n'ayant pas vu la VO je n'étais pas légitime à critiquer la VF (critique que je maintiens). Cela, des circonstances familiales personnelles qui ne vous regardent pas (et le fait que je n'ai pas détesté le film, mais apparemment ici seul le fanboyisme sans nuance est acceptable) explique que j'y sois retourné.

Excuse moi, ainsi que Gollum, de présenter une réflexion. Que cela suscite ricanement ou attaques personnelles en dit davantage sur vous que sur elle.

Mournblader

Il serait intéressant que tu relises le texte et releves le champs sémantique plutôt péjoratif qui désigne le genre et les amateurs ou spectateurs du genre, de l'infantilisation au mépris avec ce discours sous jacent de j'ai compris ce que les autres ne comprennent pas... Mais ce n'est sans doute qu'une mauvaise interprétation de ma part, je m'en excuse comme je t'excuse également

(Édit) : commentaires suite à la modo : en général il me semble qu'il n'y a aucun souci a concevoir que quelqu'un n'aime pas ce que vous aimez et inversement. Me concernant c'est juste qu'il ne faut pas faire passer pour des imbéciles ou pour des sujets béats, ceux qui ont aimé. Point final (promis).

Je vais chercher des pop-corns et je reviens!

On parle toujours de Donj' là ? Non, par ce que sinon, je vous renvoie gentillement aux illustrations D&D des années 80 avec de gros guerriers aux muscles saillants et des guerrières en bikinis/cotte de mailles. Et là, vous pourrez déverser votre prose ! LOL

J'avoue ne pas bien comprendre ton propos ni son rapport avec la discussion en cours : nous ne parlons pas de bon goût/qualité intrinsèque/clichés retrogrades (tu peux rayer la mention inutile) mais de finalité d'une "oeuvre" et de la motivation des créateurs/décideurs. Il s'agit bien de deux curseurs différents sur un même graphique.

Il s'agirait de ne pas mélanger un "plaisir coupable" et sa justification.

On parle toujours de Donj' là ? Non, par ce que sinon, je vous renvoie gentillement aux illustrations D&D des années 80 avec de gros guerriers aux muscles saillants et des guerrières en bikinis/cotte de mailles. Et là, vous pourrez déverser votre prose ! LOL

Sebastien1856

T 'as un exemple là .. a part Freedom de DarkSun déssiné par Brom .. j aimerai voir plz. Car j'en ai marre de cet argument sans aucunes références. (ou de Bill Willingham qui s'illustrera dans la BD érotique après)

Seul la gamme Conan de TSR suit ce stéréotype qui est de toute façon issu du film ...

(à l'époque Coroline Monro s'affichait dans toute série B quasiment nue .. et jane fonda icône du féminisme est dans Barbarella)

Pour info les couverture d'AD&D ca ressemblait plutôt à ça

qui est sexiste ...

Par contre ça ...

C'est de la culture cinématographique ...

Je ne pense pas qu'AD&D est été un modèle "d'inclusion" ... mais par rapport aux sexismes ambiants (films, publicités, affiches, ...) c'était que dalle ...

Mais justement, je trouvais que les propos déviait du sujet de départ, d'où mon post que je voulais ironique. J'allais bien dans le sens du film divertissant et popcorn. On est là pour passer un bon moment, sans prise de tête à réfléchir. On est face à un film Donj', qui remplit son objectif (divertir un large public et saupoudré de fan-service). Et pas devant un essai cinématographique où il faut tout décortiquer.

Bon, ma tentative d'humour est passé à côté de son public.

Surtout que la plupart des scénarios de D&D ne sont pas non plus des invitations à la philosophie ou de la littérature. C'est du simple divertissement.

Je parlais de certaines illustrations (et non d'une généralité) de Larry Elmore, entre autres, sur Dragonlace par exemple (revoit celle de Tiamat avec Raistlin enchainé, Tika... ). Une autre où l'on voit un géant du froid tenter de faire rotir une barbare en bikin en fourrure... Je parlais de quelques illustrations, pas d'une généralité. Mais bon, on s'éloigne donc je m'auto-censure. Désolé les gars que vous preniez tout au pied de la lettre.

Merci à Mournblader pour la présentation de la critique de "l'industrie culturelle" d'Adorno (j'ai lu qu'il préférait cette expression à celle de "culture de masse"), relayée par Anne Alombert.

Je ne connaissais pas Adorno. J'ai placé l'article que tu cites dans mes signets, et suis allé voir sa fiche wikipedia. Sa réflexion esthétique fondée sur la critique d'un capitalisme qu'il juge finalement dangereux pour la liberté individuelle (je caricature certainement les quelques lignes que j'ai lues) donne envie d'en savoir plus.

Il est intéressant aussi de voir qu'il se trouve critiqué à la fois par la droite et par la gauche, durant la contestation de la fin des années soixante.

À titre personnel, je trouverais regrettable qu'on ne puisse sans susciter les moqueries émettre une critique fondée sur la réflexion théorique d'un philosophe qui propose de prendre un peu de recul par rapport aux produits culturels qu'on nous offre.

Le film Donjons et dragons qui vient de sortir peut proposer un spectacle divertissant et agréable, ce que Mournblader ne nie pas, me semble-t-il.

Il ne faut pas pour autant se priver des outils conceptuels relevant de la réflexion esthétique et politique permettant d'affirmer que ce film, si plaisant soit-il, est un brin formaté, au même titre que la plupart des blockbusters, et répond davantage aux enjeux de la consommation qu'à des ambitions artitiques.

Adorno se plaignait, semble-t-il, des débordements de l'anti-intellectualisme dont il était victime, prémices d'un nouveau fascisme. Ne versons pas dans ce vice tellement à la mode de tout temps.

Donc, merci encore, Mournblader.

Bah si justement ça m'interesse car D&D est décrit dans pas mal de livre comme ayant contribué au sexisme et aux stéréotypes ...

et a chaque fois que je vois cet argument, il n'y a rien comme illustration ... donc allons y .. une sur 15

Alors qu'à la même époque .. ça c'est un chef d'oeuvre ?

La seule différence c'est que l'un est du JdR sur lequel il faisait (et fait encore) bien cool de taper et l'autre du cinéma

Je suis d'accord avec toi. J'ai précisé : quelques illustrations, pas une généralité.

J'ai fait mon post, en tentant maladroitement apparemment, de faire de l'humour parce que je trouvais qu'on s'éloignait du sujet. Pour moi, c'est bon. On peut passer à autre chose.

Sans être anti intellctualime (voilà que l'on se retrouve en limite du procès d'intention), on peut aussi s'exprimer en disant que l'on trouve hors sol (oui je sais que ce terme est à la mode) un argumentaire. Et l'argument d'autorité... Ben voilà, on en connait la limite.